CHRONIQUE BOTANIQUE N°49 : LA VIEILLE VILLE DÉCORÉE POUR EC&J

 

Les Chroniques Botaniques sont toutes conçues,
rédigées et imagées par Maren GRABER

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Je suis sûre que vous étiez aussi contents que moi d’apprendre que notre fête EC&J pouvait avoir lieu cette année. Quel plaisir de voir arriver les exposants, les horticulteurs avec leurs créations surprenantes, les paysagistes et décorateurs de jardin dévoilant leurs dernières inspirations, les stands des produits de bouche nous offrant un nouveau chocolat ou le pain d’épices d’antan. Quelle joie de découvrir de nouveaux jardins secrets ou de voir les  changements dans ceux qu’on connaît déjà. Puis une question importante : comment sera décorée la vieille ville ?

Vous avez bien observé qu’à chaque édition nous mettons un élément architectural de la Cité Plantagenêt à l’honneur : escaliers, passages, portes, bouteroues, suspensions. Cette année c’était aux cours des maisons et hôtels particuliers d’être décorées. Pas toutes bien sûr, ce serait impossible, mais un certain nombre. Il fallait être un peu curieux pour les découvrir. Si vous n’avez pas visité certaines d’entre elles, peut-être les découvrirez-vous dans cette chronique. Comme toujours, les escaliers qui donnent accès à la vieille ville étaient décorés aussi.

J’ai assisté à la conférence de presse une semaine avant la fête où Mme Rainjonneau, une des responsables de cette décoration au sein de l’association, a présenté ses idées. Elle avait fait récemment un voyage à Prague où elle s’était familiarisée avec l’œuvre du grand peintre d’Art Nouveau Alfons Mucha. Ainsi elle appela les fleuristes à puiser dans ce trésor décoratif pour leur fleurissement des cours ou des escaliers. L’exemple que j’ai choisi est tiré du catalogue de l’exposition Mucha qui a eu lieu en 2009 dans plusieurs villes d’Europe dont Montpellier. Mucha était entre autres un maître des affiches publicitaires. Celle que je montre a pour sujet l’offre d’une société de chemins de fer en 1897. Elle contient un grand nombre d’éléments décoratifs typiques de l’Art Nouveau: cercles, couronnes, éventails, rubans, tissus pliés en arabesques et se transformant en racines, grandes fleurs dressées où courbées, petites fleurs, feuilles et oiseaux assemblés, fleurs libres dans les cheveux de la jeune femme. Gardez-les à l’esprit pour les retrouver dans les décorations des cours et escaliers.

Le vendredi 24 septembre en fin d’après-midi, j’ai pu voir quelques fleuristes à l’œuvre. A l’escalier de la grande poterne le travail de décoration était bien entamé. Les grands éléments, les bâtons de bambou, les pivoines, les glaïeuls, les herbes de la pampa teintes en rouge foncé étaient bien dressés déjà du bas jusqu’en haut. La fleuriste était en train de remplir les espaces vides avec des queues de renard, des amarantes rouges. Beaucoup de passants s’étaient arrêtés pour l’admirer et la féliciter. Lorsqu’on lui demandait ce qu’elle comptait faire des chaises qu’elle avait apportées, elle prenait un air mystérieux. Une surprise ! En m’en allant, mon regard tomba sur un ensemble de ficelles posé par terre dont le hasard de la composition me fit plaisir. Que de jolies choses utilisées par les fleuristes !

Tout près de la grande poterne se trouve la rue St Pavin de la Cité avec sa maison suspendue près de laquelle doit s’ouvrir une cour qui en temps normal est toujours fermée par une grande grille. On descend par un escalier bien fleuri avec des pots d’anémones roses et de la bruyère violette. On arrive alors dans une petite cour sur laquelle donnent plusieurs portes. Un lieu d’habitation bien secret ! La cour est décorée par un arc en branches de noisetier bien irrégulières, portant seulement quelques plumes et des fruits de roses lianes très fins, des cynorrhodons. Les extrémités de l’arc sont cachées par un assemblage de plantes en pot. Entre les pots, un petit gazon avec des rondelles de bois est déroulé. Au mur on remarque un tag rouge qui représente une allumette enflammée. Fait-il partie de la décoration ? En tout cas, la couleur des cynorrhodons correspond à celle de la flamme …et au Mans on aime bien le Street Art…

Je rejoins la grande rue et entre dans la cour de la MJC Prévert. La fleuriste a opté pour une décoration en forme de colonnes. Quelques colonnes sont posées au centre de la cour, puis une paire de part et d’autre de l’entrée, ce qui lui donne une allure princière. Les colonnes sont des planches fraîchement taillées et portent tout en haut une magnifique pivoine rose entourée d’un nuage duveteux de fruits de clématite. Deux feuilles rouges contrastent avec ces couleurs très douces. A première vue on remarque de grands rubans tombant jusqu’au sol, mais non, ce sont des herbes de la pampa et de longues graminées, accrochées dans le sens descendant et produisant cette illusion. Ils rejoignent des bouquets de petites fleurs blanches posés par terre. Très raffiné !

Je continue dans la grande rue et tombe sur deux jeunes filles qui s’appliquent à décorer la devanture de leur boutique. Comme elles, il y a de nombreux commerçants qui ont embelli leur boutique pour se mettre au rythme de la fête. Qu’ils soient tous remerciés !

Je fais un crochet vers l’escalier du Pont Neuf et j’ai de la chance. La fleuriste est encore en train d’installer et de décorer des portiques en haut de l’escalier qui doivent accueillir les visiteurs d’une manière festive. Elle décore sa guirlande de petits éventails : de palmes roses, légèrement colorées, branchages d’un palmier. Je vois à nouveau des plumes. Les plumes font aussi partie des éléments de l’Art Nouveau, mais n’étaient pas représentées sur l’affiche plus haut. Souvent elles sont associées à l’herbe de la pampa.

La fleuriste m’invite à aller voir sa composition à la maison des Morêts, place du Cardinal Grente. Mais chemin faisant, je tombe sur une porte ouverte à la cour de la salle Saint Jean, rue de la Reine Bérengère. De grandes choses se préparent ici : des jeunes fleuristes composeront des bouquets demain et les vendront au profit de la ligue contre le cancer. La décoration de l’entrée est spectaculaire ! Un portail en lianes y a été dressé. Les côtés sont décorés de physalis franchetii tricolor, verts, jaunes et oranges. Le tympan est fait de roses de la même couleur, de craspedias jaunes, d’amarantes violettes et à nouveau beaucoup d’herbe de la pampa. Une entrée digne d’un maharaja !

Mais une plus grande surprise nous attend dans la cour ! On peut y voir une interprétation de l’Art Nouveau, mais pour moi cela évoque une synthèse des décorations de 2017 et 2018. La composition ronde devant la fenêtre reprend le motif des couronnes de 2017 dans lesquelles on a si souvent vu les physalis, joli amour en cage ! Et la composition faite de morceaux de gazon me paraît être une citation des bouteroues, même si les fleurs ici ne sont pas plantées mais dispersées par terre.

A trois pas de là, j’admire les bouquets que les fleuristes de la Cathédrale ont mis sous le porche royal. Ils sont très gais, composés de beaux tournesols et de beaucoup de fleurs de saison. Je ne peux pas photographier frontalement, le soleil d’automne est rasant et provoque des ombres profondes. Quel dommage que ce beau temps n’ait pas duré pendant toute notre fête !

Je jette un coup d’œil dans les profondeurs des pans de Gorron et constate que là aussi l’escalier est décoré d’une série de portiques en branchages pour accueillir les visiteurs sur la place du Cardinal Grente. On retrouve physalis, fruits de clématite, amarante et herbe de la pampa, mais aussi de grandes guirlandes de lierre qui s’accordent parfaitement avec les plantes qui vivent ici. Puis je vois des gerberas, des dahlias et même des sedums violets.

J’arrive enfin devant la clôture de la maison des Morêts derrière laquelle M. Bellanger tiendra une restauration éphémère demain. La décoration est un véritable chef d’œuvre, un tressage magnifique de feuilles (eucalyptus, fougères, mimosa baileyana, ligustrum et mousse), de fleurs (rose, hydrangea, queue de renard verte, bruyère, orchidée et œillets) et de fruits ( physalis et faux poivre rouge). On peut certainement penser à Mucha, mais aussi à Lalique et l’école de Nancy, aux bijoux, verreries et vitraux de cette époque Art Nouveau.

Je retourne par la rue des chanoines où la cour de M. Duchemin a été décorée. Sous la fameuse enseigne qui nous annonce comme au Moyen Âge le nom du propriétaire et son art est suspendue une belle gerbe semblable à celles qui décorent la façade de la maison canoniale Saint Martin. Les fleurs de tournesol rayonnent ainsi que des jolies achillées blanches et se détachent du grand bouquet de verdure luisante. Admirez la beauté du ciel et de tous ces toits de maisons anciennes qui sont le cadre merveilleux de notre fête.

Tout est prêt. La fête peut commencer !

SOLUTION DE LA DEVINETTE 48

Il s’agissait de l’eschscholzia, le pavot de Californie qui se ressème tout seul.

DEVINETTE 49

Quelques photos de notre fête. Dites-moi de quelles plantes il s’agit :

 
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