CHRONIQUE BOTANIQUE N° 57 MON BEAU SAPIN, ROI DES FORÊTS …

Le sapin de Noël de notre présidente

Derrière la fenêtre je vois briller un sapin de Noël. J’entre dans la maison et le voilà dans toute sa beauté, décoré entièrement de boules blanches et  de guirlandes lumineuses. Il exprime la paix, nous appelle à arrêter notre course et à savourer ce moment de trêve qui est Noël. L’arbre est magnifique, un sapin nordmann d’une hauteur de 2m50, touchant le plafond de la pièce. Ses fortes branches sont déployées d’une manière régulière autour du tronc, ses vertes aiguilles longues et couvrantes brillent autant que les décorations.

Petite décoration de Noël avec un brin de lierre

Depuis des temps très anciens, les gens cueillent des branches vertes des persistants pour le solstice d’hiver, le changement de l’année ou d’autres fêtes de cette époque hivernale, et ceci non pas seulement en Europe, aussi en Chine, en Egypte, en Judée. Les conifères, le houx, le laurier, le lierre, le buis et bien d’autres plantes gardent leur feuillage quand le froid et le manque de lumière rendent les humains mélancoliques. Elles leur apportaient l’espoir que la végétation allait reprendre et que l’été allait revenir. De toutes ces plantes consolatrices c’est surtout le sapin qui perpétue encore aujourd’hui cette tradition.  Il est devenu l’Arbre de Noël. En effet, il a été d’abord un symbole chrétien avant de devenir un symbole d’espérance et de paix pour le monde entier.

Des documents  historiques nous prouvent que l’arbre de Noël est né  au milieu du 16°siècle en Alsace et dans les régions du Sud Ouest de l’Allemagne. Il a d’abord décoré les églises avant d’entrer dans les maisons particulières, et là encore il a été choisi d’abord par les protestants tandis quela crèche est restée  longtemps le symbole de Noël  des catholiques. Au fil des siècles, on a commencé à mettre des bougies dans l’arbre, puis des sucreries et des jouets comme cadeaux  pour les enfants. Il y a une belle description d’un tel sapin dans « Le Werther » de Goethe, donc du 18° siècle. L’arbre de Noël se répand partout en Allemagne au 19° siècle. Il est même un symbole paisiblement contestataire  pendant les guerres napoléoniennes. Pendant les décennies suivantes, les nobles envoient le sapin dans toutes les cours européennes, les émigrants et les marins l’introduisent aux Amériques. En France, c’est  l’impératrice Eugénie qui s’emploie à le faire connaître. Mais ce n’est qu’après la 2°guerre mondiale qu’on le trouve vraiment partout dans le monde. Malheureusement avec la progression de la consommation, le commerce se saisit du symbole jusqu’à le rendre creux et insupportable.

Un sapin nordmann de 10 m au parc de Gazonfier

Sur les marchés et devant les supermarchés l’arbre de Noël se vend dans toutes les tailles. Un sapin moyen met 8 à 10 ans avant d’être coupé. Il existe des fermes spécialisées dans la culture de sapins de Noël. L’espèce préférée depuis une dizaine d’années est le sapin nordmann dont les origines sont en Asie mineure et dans le  Caucase. Il a presque totalement remplacé l’épicéa si odorant mais dont les aiguilles tombaient trop vite dans nos pièces chauffées. Le nordmann garde ses aiguilles intactes. Même un an plus tard, elles seront encore en place, simplement la belle couleur verte aura  viré au gris. On entend beaucoup de critiques sur les plantations de sapins. Comme les arbres doivent vite grandir et de préférence avoir tous une forme parfaite, les agriculteurs utilisent des engrais artificiels, des insecticides et pesticides qui polluent le sol et les eaux sur de longues périodes.

Un arbre de Noël en lattes de bois dans une église 

Et si on proposait des alternatives ? L’arbre en plastique par exemple ? Même s’il est merveilleusement imité,  il ne fera pas le poids. Les plastiques polluent déjà notre terre entière.  Depuis quelques années, je décore pour ma paroisse un chandelier en lattes de bois imitant la forme d’un sapin. Nous sommes partenaires de l’église verte, un grand sapin pour le temps bref de quelques cultes seulement nous paraît d’un prix environnemental et budgétaire démesurés. En plus cette structure en bois nous permet d’utiliser toutes les bougies rouges des couronnes de l’Avent de plusieurs années antérieures qui, elles aussi ne sont allumées que peu de temps et jamais consumées. Les lattes sont suffisamment stables pour les porter. Et quelle joie de voir toutes ces vraies flammes allumées. Ainsi la lumière aura remplacé le vert consolateur des plantes persistantes. Et pour ne pas oublier  complètement le naturel, quelques fruits de notre région complètent la décoration.

Un grand chandelier prend la place du sapin de Noël  

Il y a d’autres possibilités de trouver un « sapin durable » : une spirale de bois peut l’imiter, des  arbres en métal sur de jolis socles se décorent comme un vrai sapin et surtout le grand chandelier simple ou en forme d’une double croix,  en bois, en porcelaine ou en verre peut faire le centre d’une fête de Noël.

Groupe de conifères avenue Leclerc

Revenons aux vrais arbres : la Nature en Ville du Mans a planté  ces dernières années divers conifères. Ils font partie de la coulée verte du tram, embellissent le nouveau rond-point à l’entrée de la rue Voltaire et les plates-bandes sur les trottoirs dans l’avenue Rhin et Danube, boulevard du Colonel Quéru et l’avenue Louis Cordelet (décrits dans la Chronique Botanique N°53). Nous sommes exactement au moment de l’année où les conifères sont très visibles en ville car tous les feuillus ont perdu leur feuillage ! Et même si d’avril à novembre, les arbres à feuilles caduques font une photosynthèse plus intense et captent davantage de CO2 que les conifères avec leurs minces aiguilles, pendant les mois d’hiver ce sont ces derniers qui continuent  leur activité bénéfique à l’environnement.  Et leurs robes vertes font de jolies taches dans la grisaille hivernale et nous réjouissent, tout comme les hommes des temps anciens. En haut de l’avenue de Général Leclerc, près du monument de Léon Bollée, les trams passent devant un beau groupe de conifères, un cèdre et trois pins sylvestres qui  égayent  et colorent d’une manière joyeuse cette avenue qui a perdu tant de son charme d’antan. Le soir venu, ces arbres se mettent à clignoter et vous souhaitent de bonnes fêtes de fin d’année.

QUELQUES IDEES DE PROMENADE POUR LES FÊTES

1  Le parc de Martin-Luther King à l’Epine où se trouve un vieux cèdre bicentenaire.

2  Le parc de Verdigné au Maillet qui héberge un séquoia géant de plus de cent ans.

3  Le chemin des arbres remarquables au bois de Changé dont fait aussi partie un conifère d’une forme extravagante.        

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